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Résumé :
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Toute action, de quelque nature qu'elle soit, consomme de l'énergie. Cultiver, transporter, construire, serrer une main. La vie, par essence, n'existe que dans la mesure où un organisme dispose d'une source d'énergie pour élaborer des tissus, contrôler sa température, bouger, penser, etc. L'énergie, nécessité omniprésente : si c'est une banalité de le dire, encore faut-il en avoir pleinement conscience pour apprécier l'enjeu pour l'humanité que représente son accès dans les années à venir. Tant que nos sociétés sont restées modestement peuplées et encore peu exigeantes en services divers et variés, la traction animale, la combustion de végétaux, l'écoulement des rivières, le souffle du vent, etc., ont pourvu à leurs besoins. La source de ces énergies : le soleil, qui fait pousser l'herbe ruminée par le boeuf et alimente le moteur de la machine atmosphérique. Une source inépuisable à l'échelle de l'humanité : la grosse boule aurait encore pour quatre milliards d'années de réserve d'hydrogène. Le problème de l'humanité est ailleurs. Il se noue à la Révolution industrielle. L'ère des machines prend son essor lorsqu'on découvre et que l'on parvient à exploiter d'immenses réserves d'hydrocarbures - pétrole, gaz, charbon. Énergie dites «fossiles» en raison de leur élaboration à des âges très reculés, gisant dans leurs nappes, poches, veines, elles sont à disposition, énergies «de stock» par opposition aux sources «de flux» que sont le rayonnement solaire ou le vent (intermittents), les matières végétales (saisonnières), etc. Pétrole, gaz, charbon peuvent être transportés et emmagasinés sur les lieux où ils seront consommés. Et puis ces combustibles fossiles sont d'exceptionnels concentrés d'énergie. Quarante litres d'essence permettent de déplacer un véhicule d'une tonne sur 800 kilomètres. Pour obtenir la même performance avec un moteur électrique, il faut un volume ou un poids de batteries dix à vingt fois plus important !
Il n'y a pas si longtemps, les réserves de combustibles fossiles étaient tenues pour fabuleuses. Pensons que dans les années 1960 des énergéticiens étasuniens rêvaient d'en arriver à la conclusion «too cheap to meter» : l'énergie serait tellement abondante et bon marché qu'il deviendrait trop coûteux d'installer des compteurs pour la mesurer et la facturer. Il est vrai qu'alors, le pétrole coulait à flot et que la consommation énergétique mondiale semblait être vouée à croître de façon exponentielle... Cette vision d'un monde toujours plus consommateur d'énergie a structuré toute la pensée occidentale, notamment depuis l'après-guerre. Ainsi, au début des années 1970, le patron d'EDF prévoyait que la France aurait besoin de 200 réacteurs nucléaires pour faire face à ses besoins électriques à l'horizon 2000. Notre pays, le plus dépendant du nucléaire au monde, en compte quatre fois moins aujourd'hui... Le mythe de la corne d'abondance perdure encore actuellement : une partie du monde de l'énergie se refuse à considérer que la source des combustibles fossiles pourrait se tarir un jour proche, puisque l'on continue à découvrir des gisements dans le monde. Pourtant, le temps des émerveillements «hydrocarbures» appartient désormais bel et bien au passé : nous sommes aujourd'hui de plus en plus durement confrontés aux inconvénients de ces ressources, qui représentent plus de 80 % de l'énergie que l'humanité consomme. (...)
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