Résumé :
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Depuis que l'URSS est Russie, Tiksi se meurt. La ville sibérienne du bord de l'Arctique, autrefois florissante, compte ses habitants et ressasse son passé tout du long de son interminable nuit. Galya y est née, elle a des rêves de fuite, des rêves d'océanologue, mais sa famille la retient. Il y a le père résigné et ses deux emplois, le petit frère Lazar et ses questions, l'aîné enfermé dans un silence douloureux, Josiah le gentil chien aux pattes emmêlées, et bien sûr la mère disparue. Des secrets subsistent, trop lourds à porter, qui empêchent de s'envoler vers la lumière.Marie Chartres a-t-elle réalisé un voyage sibérien ? Rien n'est sûr, mais sa reconstitution par petites touches d'un monde en perdition, d'un monde glacé et ténébreux, fait vibrer le lecteur tant elle semble crier de justesse. Vieux qui épluchent des légumes comme leurs souvenirs, bars où oublier qu'il fait froid dehors, brise-glace rempli de vivres attendu avec impatience, avenir bouché par les panneaux d'entrée et de sortie de la ville, rocher enfin pour rêver devant l'immensité de l'océan... Galya, en promenade avec son chien, nous fait visiter plutôt qu'elle nous raconte Tiksi.Adolescente mature, initiée aux belles phrases par son frère aîné meurtri, elle veut l'impossible : briser ses chaînes sans renier ses origines. Sa volonté hors normes, l'insistance aussi de l'attendrissant Lazar, amèneront ce petit bout de femme à littéralement transporter sa famille ailleurs de ce qui l'étouffe. L'écriture est fine, précise, ciselée de façon à ce que l'environnement fasse écho parfait avec les sentiments des personnages. Tiksi est aussi une figure à part entière, coincée entre son âme gelée et les envolées sensibles des poèmes du frère aîné, celui qui sait. Un roman pour lecteurs exigeants qui ne le regretteront pas, profitant encore une fois des choix pointus de l'Ecole des Loisirs.
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